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Halcyone
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8 août 2010

The Arcane Dominion

~The Arcane Dominion~
Bienvenue a Halcyone

halcyon_village

Vous avez voyagé plus de trois heures, sous un soleil de plomb étouffant. La petite voiture de location dans laquelle vous roulez n’a pas de climatisation, et ouvrir la fenêtre ne ferait qu’empirer les choses, de toute façon. Ah, si seulement ce camion, qui vous semble vieux de mille ans, ne recrachait pas ses gaz malodorants juste devant vous !

Alors que vous désespérez petit à petit, et maudissez votre condition actuelle, le paysage autour de vous commence à changer. Vous quittez l’autoroute, et par la même occasion le camion gêneur, et vous lancez sur un chemin a peine assez large pour une seule bande de circulation dans les deux sens. A votre droite, un mur en pierre, vestige de l’ancienne muraille qui jadis, protégeait la région.
A votre gauche, un précipice assez profond, au fond duquel s’écoule une rivière limpide. Son clapotis joyeux vous remonte un peu le moral, et vous vous dites qu’en fin de compte, ces vacances se passeraient peut-être bien. Peut-être même très bien. Apres tout, votre cousine prétend que c’est le Paradis sur terre, le plus bel endroit au monde, et vous faites toujours confiance a son jugement. Et puis, vous aimez le silence, le calme. Vous aimez être loin de tout, loin des gens que vous connaissez. Et plus que tout, vous aimez l’air pur de la montagne.
Un petit sourire glisse sur vos lèvres, alors que la route tournoie de plus en plus, et que la température baisse de quelques degrés, juste assez pour atteindre une fraîcheur plutôt agréable, après la canicule dont vous sortez.

Tout en restant concentré sur la route, vous rêvassez un petit peu. Des souvenirs d’enfance remontent des abîmes profonds de votre mémoire. Des souvenirs agréables des longues vacances d’été, passées chez votre grand-mère à la campagne, et de votre tante préférée et ses tartes fruitées.
Maintenant que vous y pensez, peut-être bien qu’à votre retour, vous lui rendrez une petite visite. Histoire de prolonger le bon temps.

Vous roulez encore une heure environ, et le soleil commence déjà sa lente descente vers l’horizon et les merveilles inexplorées de l’Autre Monde. Bientôt, il disparaîtra derrière les sommets, et votre navigateur ingénieux indique qu’il ne vous restent plus qu’une vingtaine de kilomètres jusqu'à votre destination, ce petit coin paradisiaque, dans un monde qui selon vous s’engouffre de plus en plus dans la folie. Un lieu de paix, qui n’attend que vous – ou du moins, c’est ainsi que vous voyez les choses.

Un curieux sentiment s’empare soudain de votre esprit. Sur le coup, vous avez du mal à l’identifier. Un bien-être terrible. Une euphorie effrayante, mêlée à quelque chose de plus fort encore, quelque chose qui dépasse toutes vos connaissances, et même, votre imagination. Vous vous sentez bien, vraiment bien, mais ce n’est pas normal. Jamais, vous ne vous étés senti ainsi, et a y réfléchir, vous n’aimerez plus jamais ressentir cela. C’est trop fort, c’est trop intense, ce n’est pas pour vous.

Vous apercevez maintenant les panneaux qui indiquent l’entrée du village, ainsi que les premières maisons. Très ordinaires. Le sentiment de bonheur interdit vous quitte, aussi soudainement qu’il est venu. Maintenant vous êtes fatigué. Très fatigué. Tellement fatigué, que pas un moment, vous ne vous ne pensez à vous demander comment vous avez pu parcourir quinze kilomètres en si peu de temps. Vous n’avez plus qu’une envie, rejoindre un lit au plus vite. Le reste vous semble sans aucune importance.

Vous diminuez la vitesse du véhicule, pendant la traversée du centre du village, et en profitez pour observer les bâtiment, étonnamment bien conservées, pour un coin aussi recule d’un pays aussi pauvre. Vous repérez tout de suite la mairie à droite, suivie d’un petit café et une quincaillerie. A gauche, vous voyez une petite épicerie, toujours ouverte. Peut-être bien y feriez-vous un petit tour, un peu plus tard.

Alors que vous quittez le centre, et que les bâtiments cèdent leur place a la rivière d’une part et la montagne de l’autre, la magie d’il y a quelques instants reprend. Vous laissez le terrible bien-être et l’euphorie vous submerger, et vous rendez compte que c’est plus facile que d’essayer de les combattre. D’ailleurs, vous n’en avez plus envie.

Le chemin continue en montant, sur un sentier étroit non pavé. Des arbres l’entourent des deux côtés. Vous klaxonnez deux trois fois pour prévenir les éventuels piétons ou voitures, sachant bien que, dans l’état où vous êtes, vous aurez du mal à les éviter.
Vous arrivez enfin sur une petite place, et l’euphorie cède vite sa place à l’effroi. Vous reconnaissez immédiatement le bâtiment qui la surplombe – un hôpital. Et à en juger par l’état des patients qui traînent devant, ou près de la petite fontaine a votre gauche, ce serait surtout un asile psychiatrique. Quelque chose que votre charmante cousine, que vous maudissez du plus profond de votre âme, a oublié de préciser. Vous n’en ferez pas un tel scandale, si la raison de votre venue ici, n’était pas de combattre vos crises d’angoisse. Etes-vous un cas aussi désespéré selon cette cousine bien inquiète ? Pense-t-elle que vous y avez votre place ? Ou un simple oubli de sa part ?
Vous regrettez soudain d’être venu. Quand bien même il n’y aurait pas de raison cachée dans votre présence ici, vous ne pensez pas qu’un village perdu au milieu de nulle part, abritant un hôpital psychiatrique soit le meilleur endroit pour combattre les crises d’angoisse nocturnes.
En poursuivant votre chemin, vous essayez de vous persuader que d’aucune manière les pensionnaires de l’asile seraient dangereux, aussi non, on ne les aurait pas placée dans un endroit pareil. Et qu’on ne les laisserait pas sortir librement. Et que de toute manière, des mesures de sécurité doivent être prises. Et surtout, qu’il est trop tard de repartir ce soir. Vous verrez bien demain.

Le soleil continue sa lente progression vers l’autre bout du monde et ses merveilles, et inonde celui-ci d’un splendide éclat orangé, comme vous n’en avez jamais vu chez vous. Un instant, vous pensez qu’elle vous rappelle les flammes rassurantes d’une cheminée, mais écartez vite ces pensées. Aucun feu, soit-il allumé par l’homme ou par la nature, ne peut avoir cette teinte, qui d’ailleurs est tout, sauf rassurante. Pas pour un adulte comme vous, mais cependant, elle réveille l’âme de l’enfant que vous étiez jadis. Et celle-ci contemple, émerveillée, la couleur des secrets et des mystères, que personne ne peut expliquer, sans les détruire. Celle des romans fantastiques que vous avez lus, adolescent, et abandonné a regret en rentrant dans l’ « Age Adulte », car leur magie vous était a jamais perdue.

Vous contemplez cette lumière surnaturelle, et le village en contrebas et oubliez la frayeur éprouvée à la vue de l’hôpital, ainsi que tous vos problèmes récents. Vous sentez, quelque part au fond de votre esprit, que vous aimez déjà cet endroit, qu’il occupera toujours une place importante dans votre coeur…

…Et lorsque vous apercevez la maison qui sera votre pendant les semaines a venir, en haut d’une pente, a moitie cachée par un tilleul qui répand jusqu'à votre fenêtre, son odeur enivrante, vous savez que tant que vous vivrez, vous aurez envie de revenir ici, a chaque moment ou vous le pourrez.

Un instant, vous croyez apercevoir une jeune femme a l’abondante chevelure rousse devant l’escalier qui mène a la maison, mais en un clignement d’œil, celle-ci a disparu. Vous mettez cette vision sur le compte de la fatigue et peut-être, d’un coup de soleil. Vous ne vous en inquiétez pas plus que ça, et d’ailleurs, bientôt, vous allez l’oublier complètement. Vous aurez bien d’autres soucis dans les jours qui viennent, des soucis d’un tout autre ordre. Régler l’eau, l’electricte. Réparer une fenêtre cassée. Combattre des milliers de mouches et quelques guêpes. Des problèmes, tout a fait ordinaires.

Vous sortez de la voiture, remontez jusqu'à la maison. Et, inconscient des conséquences qu’aura cet acte sur tout le reste de votre existence, vous lancez un dernier regard, vers le couchant. Au loin, un petit vent remue les feuilles des arbres et leur léger bruissement, mêlé au lointain clapotis de la rivière, est la plus belle et la plus terrible musique que vous n’ayez jamais entendu.

O, si seulement vous saviez, qu’a partir de ce moment, rien ne serait jamais plus pareil !

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Commentaires
I
Sympa, très sympa, ce blog , tant de blogs que je ne connais pas mais je reviendrai sur le votre
Halcyone
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